TUNISIE : LA FRANCE COMMENCE À CREUSER LA TOMBE DU DICTATEUR
LES DIRIGEANTS FRANçAIS RIDICULISÉS DEVANT LES AUTRES DÉMOCRATIES SE RÉSIGNENT À DÉNONCER LE DICTATEUR, les morts dans les rues tunisiennes ne leur ont pas laisser une grande marge de manoeuvre (par fadda)
Le gouvernement français a haussé le ton jeudi face au régime du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, s'inquiétant de "l'utilisation disproportionnée de la violence", sous la pression des bilans humains qui ne cessent de s'aggraver et des critiques de l'opposition.
S'exprimant après une rencontre à Londres avec son homologue britannique David Cameron, le Premier ministre François Fillon a lancé un appel à la retenue et au dialogue, et surtout dénoncé pour la première fois la répression par les forces de sécurité du président Ben Ali.
"On ne peut continuer dans cette utilisation disproportionnée de la violence", a-t-il dit, rejoignant les positions exprimées par l'Union européenne et l'administration Obama qui avaient déjà condamné l'usage de la force dans des termes similaires.
Dans une interview à la radio Europe 1, la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a souligné que "l'escalade n'est jamais la réponse appropriée" et appelé "chacun" en Tunisie à la "retenue".
Alors que la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) chiffre à au moins 66 -- dont un Franco-Tunisien-- le nombre des morts depuis le début des troubles mi-décembre, la ligne de non ingérence et d'extrême retenue du gouvernement français apparaissait de plus en plus difficile à défendre.
La France va devoir adopter "une position forte de condamnation de la répression inacceptable" menée contre la contestation sociale, avait lancé plus tôt jeudi la dirigeante du Parti socialiste (PS, opposition), Martine Aubry.
"On tire sur des gens, il y a des morts" et en France "on a le silence", avait accusé le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault. Selon lui, "la voix de la France aujourd'hui est totalement embarrassée" et la diplomatie française ménage un "régime corrompu et policier".
Les socialistes français, dont certains jugent désormais "inévitable" un départ de Ben Ali, ont lancé une salve de critiques contre les ministres, qui, à l'unisson, se contentaient de "déplorer" les affrontements et d'appeler à l'"apaisement".
Mme Alliot-Marie avait donné le ton mardi en suggérant devant l'Assemblée nationale de se livrer à une analyse "sereine et objective" de la situation et de ses causes économiques, plutôt que de "s'ériger en donneur de leçons".
Elle avait proposé à la Tunisie "le savoir faire" des forces de sécurité françaises, qui "permet de régler des situations sécuritaires de ce type" sans pertes humaines.
Les organisations de défense des droits de l'Homme, de leur côté, dénoncent depuis des années le caractère policier du régime tunisien, les atteintes aux libertés et la mainmise de la famille du président sur le pays.
De Jean-Louis de la VAISSIERE (AFP)
Commentaires
Enregistrer un commentaire