UNE DICTATURE EN TUNISIE CAPABLE D’INTIMIDER UNE GRANDE DÉMOCRATIE COMME LA FRANCE
Pas d'appel à la libération de blogueurs en Tunisie, pas ou peu de réactions face aux émeutes qui secouent le pays... La France, souvent prompte à appeler à la liberté d'expression dans le monde et à la retenue lors de manifestations, est dans l'embarras. Face à quoi? Face à un régime totalitaire.
"Le silence des alliés de Tunis n'est pas sain. On laisse à Zine El Abidine Ben Ali (président de la Tunisie) le temps de se retourner (...) On le soutient, on fera comme d'habitude", déplore Souhayr Belhassen, de nationalité tunisienne, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) basée à Paris.
Vendredi, le ministère français des Affaires étrangères s'est retranché lors de son point-presse quotidien, à propos de qui se passe au Maghreb, derrière un banal: "Nous suivons la situation avec attention". Rien sur la Tunisie et les blogueurs et cyber-dissidents arrêtés la veille, selon des ONG.
La ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, s'est bornée à évoquer "la problématique de l'emploi" à laquelle il faut trouver une solution. Selon les experts, le chômage qui frappe en particulier les jeunes diplômés est l'une des causes de la crise qui frappe la Tunisie. On le sait Madame, inutile de le rappeler! Mais le peuple tunisien sait très bien que vous êtes aussi bien informée que le régime tunisien est bel et bien une dictature, qui n’a pas à rendre des comptes à la population.
La réserve, voire le silence, affichée par la diplomatie française à l'égard de la Tunisie, tient sans doute aux intérêts économiques importants entretenus dans ce pays par la France et à la présence sur le territoire français d'une importantes communauté tunisienne.
"Si jamais la situation empirait, la France craint un débordement de l'immigration en France avec les tensions que cela comporte", estime à propos de l'Algérie Karim Pakzdad, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).
La retenue française vient aussi probablement des accès de tension survenus au cours des deux dernières années avec Tunis qui, bien qu'aujourd'hui résorbés, ont marqué les esprits au Quai d'Orsay.
Avec la Tunisie, la relation s'était sévèrement refroidie après des critiques en novembre 2009 de Bernard Kouchner après des arrestations de journalistes tunisiens. Il s'était dit "déçu" et avait qualifié ces détentions d'"inutiles". Tunis avait alors dénoncé une "ingérence étrangère inacceptable".
De Philippe RATER de l’AFP ajusté par FADDA pour la cause tunisienne
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