TUNISIE : L’abolition du régime présidentiel est inévitable suite à la révolution

FADDA publie quelques extraits de cette libre-opinion de l'ancien ministre du Plan et des Finances, M. Mansour Moalla dont le magazine Leaders vient de publier le texte intégral :

Cette réforme est capitale et urgente. Elle commande tout le reste. Le système « présidentiel » intégral a été mis en place depuis plus d’un demi-siècle : 53 ans. Le bilan politique de cette période est désastreux principalement au point de vue de la gestion politique : la liberté a été étouffée, la peur a régné. L’improvisation a empêché le pays de progresser : la coopérativisation nous a fait perdre une décennie, la fusion et la tension avec le voisin libyen nous en avait fait perdre une seconde. Les heurts violents avec la jeunesse, les étudiants en particulier ainsi qu’avec les syndicats nous ont conduit à des violences et des émeutes à plusieurs reprises. La gestion économique a connu deux crises frisant la banqueroute. 

Alors, demandons-nous si réellement on peut continuer avec ce système présidentiel. Outre les crises et les violences qu’il a engendré, il a conduit à l’irresponsabilité des gouvernants et notamment du premier d’entre eux, à l’exercice d’un pouvoir personnel sans limites, à la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’une seule personne, à la domination du pouvoir exécutif détenu par le Chef de l’Etat, sur aussi bien le pouvoir législatif que le pouvoir judiciaire, à l’instauration d’un parti unique de fait, à l’étouffement de la société civile, à la disparition de toute transparence, à la persécution des élites, à l’impossibilité de transmission pacifique du pouvoir. Il a fallu un coup d’Etat et une révolte populaire pour écarter les deux Chefs d’Etat.

Les évènements qui viennent de se dérouler depuis des semaines nous dictent le devoir d’examiner de près les défauts et les résultats de ce système de gouvernement et d’en tirer la leçon. La plus grave erreur qu’il faut éviter à tout prix serait de perpétuer ce système après le drame national que le pays vient de vivre. Il faut donc impérativement le remplacer par un système de gouvernement qui organise autrement les pouvoirs publics ainsi que le contrôle régulier de leur gestion et la détermination de leurs responsabilités. Ce vrai « changement » est indispensable, celui de 1987 s’étant révélé une vraie supercherie.

Mansour Moalla

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