Tunisie: Front populaire (extrême gauche) ou salafistes (extrême droite) ... un paysage politique qui se radicalise ... les idéaux de la révolution du jasmin sont en déroute

« L'extrémisme » c’est le terme utilisé pour décrire une idéologie ou un comportement politiques qui appellent à l'action par tous les moyens y compris la violence en vue d’atteindre les objectifs souhaités, cela signifie que la concrétisation de cette idée prend une forme matérielle violente consistant dans l’accomplissement d’actes agressifs contre des personnes ou des institutions pour les éliminer et les éloigner de son chemin et terroriser les autres et donc les amener à lui emprunter le pas et adopter son programme de force.

Un comportement comme celui-ci ne pourrait être qualifié que de terrorisme, et c'est précisément ce que les groupes « salafistes » dans notre pays sont en train de faire depuis des mois. Donc, la violence est couplée, dans l'esprit du citoyen tunisien, à l'extrémisme religieux à cause des scènes auxquelles il s’est habitué et aux actes sauvages et atrocités commis par ces gangs dirigés par la passion aveugle leur représentant les autres qui sont différents d’eux sous forme de démons qu’on doit exterminer pour soutenir la religion.

Face à la radicalisation et l’intensification du mouvement social qui se propage comme une traînée de feu, on ne cesse ces jours-ci d’incriminer, côté gouvernement, les résidus du RCD et ce qu’on appelle « l’extrême gauche anarchiste ». En fait, ces accusations proviennent même de la plus haute autorité politique et spirituelle de « Ennahdha », monsieur Ghannouchi. Lui aussi se mêle à cette polémique qui attise encore le feu du torchon qui brûle depuis quelque temps déjà entre la droite religieuse et la gauche (1).

Donc, la guerre médiatique entre ces deux parties contendantes bat son plein, et les Islamistes- et bien d’autre d’ailleurs- s’obstinent à considérer qu’il existe, parallèlement à l'extrême droite religieuse, une extrême gauche accomplissant les mêmes faits et ne différant en rien, donc, de la première quant à sa nature terroriste. Les tunisiens se questionnent: Est-ce que les partis de gauche en Tunisie, dans leur conquête du pouvoir, suivent la voie de la violence révolutionnaire de masse qui ne nécessite pas nécessairement le port des armes et peut seulement consister dans des manifestations et des marches pacifiques, comme cela s'est produit dans la Révolution ? Ou bien ils exercent la violence des gangs conformément au modèle « guevariste »comme les groupes «Topamaros" colombien et "Badermainhof" allemand, par exemple?

L'expression "extrême gauche" désigne l'ensemble des courants politiques situés à gauche des mouvements réformiste et de la gauche antilibérale traditionnelle (Parti socialiste, Parti communiste, Radicaux de gauche, Parti de Gauche, les Verts…) (2). L'expression "extrême gauche" trouve son origine dans l'emplacement des partis au sein des assemblées parlementaires. La diversité des mouvements d'extrême gauche et leur caractère souvent éphémère ne permettent pas d'en donner une définition précise, d'autant que certains de ces mouvements ne se revendiquent pas comme étant d'extrême gauche pour éviter tout amalgame avec l'extrémisme.
Les mouvements d'extrême gauche rejettent la démocratie libérale et militent pour l'abolition du capitalisme. Pour eux, seule la révolution permettra de créer une société égalitaire. Ils refusent souvent de s'intégrer au fonctionnement démocratique normal. Parmi eux, certains groupes ou groupuscules extrémistes peuvent avoir recours à la violence, voire au teroorisme (Groupe"Action Directe", Brigades rouges, Fraction armée rouge dans les années 1970-1980).
Les doctrines des mouvements d'extrême gauche sont souvent issues d'interprétations radicales du marxisme ou du communisme: maoïsme, troskisme, castrisme, luxemburgisme, conseillisme, ... En général, on classe également les mouvements anarchistes parmi l'extrême gauche.
Pour un anarchiste, tout mandat est révocable, à tout moment, par simple vote ce qui n'est pas le cas chez les marxistes, les maoïstes, les léninistes, les trotskistes, les socialistes, les communistes, etc. On oppose ainsi, les communistes libertaires aux communistes autoritaires. Les communistes autoritaires sont fortement hiérarchisés (cf cadres du parti) ce qui en fait des partis élitistes (contrairement aux anarchistes qui refusent ce mode d'organisation).

Si l'extrême gauche tunisienne se fixe comme seul objectif de barrer le chemin à la fraction radicale des islamistes (les salafistes) sans se soucier des vrais enjeux (lutter contre le chômage et le déséquilibre régional, couvrir les déficits, doper la croissance, améliorer le pouvoir d’achat, mettre fin aux injustices, bref concevoir une issue à la crise et redonner confiance en notre pays), cela ne fait que rajouter à la confusion des tunisiens pris en embuscade dans les méandres des tiraillements idéologiques sans fin, sur fond d’attaques et de dénigrements réciproques. Cela ne changera rien et cette gauche gardera son rang minoritaire qu'elle a eu par le mérite suite aux élections de la constituante.


(1) Le temps 07-10-2012. Est-ce dans son ADN ? Ou alors une construction de l’esprit ?



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