TUNISIE : Comment expliquer la chute soudaine, fulgurante et inattendue de Ben Ali ?

Par Mathieu Guidère

 La révolution de jasmin est avant tout l'œuvre d'une jeunesse tunisienne surqualifiée et déclassée que le désespoir et l'absence de perspectives ont d'abord poussée à retourner la violence contre elle-même (immolation), avant de manifester sa colère dans la rue contre le régime qui l'opprimait. Mais cette révolution n'aurait pas été possible sans l'abstention et le comportement responsable de l'armée face à la fuite en avant du pouvoir en place. Il ne faut pas oublier que le président Ben Ali avait limogé, début janvier, le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Rachid Ammar, parce que celui-ci refusait de donner l'ordre de tirer sur la foule alors qu'il était censé mater la rébellion. Dans leur grande majorité, les officiers tunisiens ont sympathisé voire fraternisé avec la foule des jeunes révoltés et avec la population dans son ensemble - et ils continuent de le faire en les protégeant contre les milices fidèles au régime -, alors même que la police était prête à aller jusqu'au bout. C'est un fait: si les chefs de l'armée n'avaient pas été responsables, ce mouvement aurait été noyé dans un bain de sang sans que personne vienne au secours des victimes. Cette analyse est confirmée par la réaction prudente de la France. Ou encore par l'attitude libyenne qui, par son soutien inconditionnel à l'ancien régime, risque de déstabiliser sur le long terme la démocratie balbutiante en Tunisie.

http://www.lefigaro.fr/international/2011/01/22/01003-20110122ARTFIG00004-mathieu-guidere-moyen-terme-les-islamistes-pourraient-bien-occuper-le-desert-politique.php

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