Tunisie, je crains que le chaos ne se réconforte dans sa folie

Je me rappelle d’une caricature qui a été publiée par un facebookeur tunisien et que j’ai partagée avec plaisir et à la fois avec beaucoup de convictions; la caricature affichait un bourgeois tunisien qui s’adressait à un autre citoyen tunisien de la classe moyenne, il lui demandait s’il s'affiche comme étant laïque ou bien s’il est salafiste, le citoyen lui a répondu je suis pauvre.

Le mot pauvre est bourré de sens, il dépasse la simple signification de pauvreté matérielle qui est bel est bien présente à cause des difficultés économiques et à cause, entre autres, du chômage qui fait des ravages avant et après la révolution. C’est vrai que la question économique est supposée être mise de l’avant plutôt que de voir une scène médiatique accaparée par les calculs partisans et les coups de théâtre quasi quotidiens du fanatisme religieux.

La pauvreté du citoyen à mon sens est le résultat de plusieurs autres manques, autre que le matériel; une pauvreté à cause d’un manque de références lesquelles l’aident à définir des repères politiques, lesquelles l’aident à comprendre les arrière-plans des bannières religieuses. La crise actuelle que vie notre pays est une crise causée par trois décennies de perte de repères, intentionnellement organisé par l’ancien régime et que, malheureusement, la jeune démocratie n’arrive pas à réhabiliter et je le répète : réhabiliter nos vraies références.

Nos intellectuels sont bannis des plateaux de télévision, les écrits de nos sages sont relégués aux dernières pages de nos journaux. La scène médiatique, elle-même confuse, rajoute à la confusion du « pauvre » citoyen. La médiocrité est omniprésente dans les dires des politiciens que ce soit par manque de compétences ou bien par absence d’intégrité.

Je n’aurais jamais été surpris par une telle réalité dans une société ignorante le lendemain d’une révolution populaire; mais comment devrais-je le comprendre et l’accepter de la part du peuple tunisien ô combien éduqué et instruit!?

Est-ce le chaos avant le retour à l’ordre? Est-ce la folie avant de retrouver la raison? Je crains que le chaos ne se réconforte dans sa folie au point que nos martyrs regrettent leurs sacrifices qu’ils ont offerts à notre chère patrie pour que nous soyons libres! Libres à reconstruire et non à nous autodétruire.

Par Chafi Chaieb doctorant écologue au Canada