Un regard biaisé de la presse française sur ce qui se passe en Tunisie
Le site tunisien Nawaat passe en revue les articles, qui parlent de la Tunisie post révolution, publiés entre le 23 octobre 2011 et le 10 avril 2012, par Libération, Le Monde et Le Figaro. Cette revue de presse remet en question le professionnalisme des journalistes français quand il est question de d'analyser ce qui se passe en Tunisie; un professionnalisme qui laisse à désirer au même titre que celui des journalistes tunisiens eux-mêmes.
Le culte du parti unique du journal Libération
La journaliste de Nawaat, Sana Sbouaï, a lu une trentaine d'articles parus sur le site de Libération. Et elle juge que le quotidien met systématiquement en avant le parti islamiste Ennahdha, qui n'est pourtant que l'un des trois partis unis pour gérer le pays, est toujours mis en avant : "La couverture de la vie politique est très restreinte : aucune place n’est faite aux deux autres partis de la Troïka, à leurs idées ou leurs actions."
Quant aux "partis qui ne participent pas à la Troïka", ils ne sont quasiment jamais mentionnées, "à croire qu’Ennahdha est le seul parti présent dans le pays", souligne Nawaat. "A croire que rien ne se passe dans le pays et que la Tunisie vit sous la coupe d’un parti unique, conservateur et liberticide."
Le site s'étonne aussi que les femmes aient droit à si peu de place, bien que l’Assemblée Constituante ait été composée de 27% de femmes : "Rien sur la bataille des associations ou sur les femmes candidates par exemple ou encore sur le Code du Statut Personnel…" Quant aux médias, ils ont été traités par un seul article, qui parle de la télévision tunisienne "pour expliquer que les changements attendus non pas lieu. Quid de toutes les formations, remaniements et nouveaux nés dans le monde des médias tunisiens ?"
Le Monde et ses "fantasmes"
Concernant Le Monde, sur une base plus conséquente de 72 articles, Nawaat explique : "Une place est faite aux représentants des trois partis de la Troïka : Jebali, Ben Jafaar et Marzouki. Marzouki se retrouve même mis en avant à travers un article qui relate sa rencontre avec le caricaturiste du journal : Plantu. Par contre le travail de l’ANC n’est pas mis en avant, ni le travail des partis ne participant pas à la Troïka."
Et rien sur la visite du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé en Tunisie, selon Nawaat : "Le Monde ne traite pas de la question de la diplomatie tunisienne ou de ses relations avec ses voisins : aucun titre ne parle de l’espace méditerranéen. Pas de papier non plus sur la visite d’Alain Juppé ou les déclarations de François Fillon, ce qui est assez étonnant car on pourrait tout de même s’attendre à un traitement qui positionnerait la Tunisie sur la scène internationale"
Finalement, Nawaat juge, sévère, que dans Le Monde, "la société tunisienne ne semble être appréhendée qu’à travers les fantasmes et peurs françaises : développement de l’islamisme et droits des femmes en danger."
Analyse "froide et dépassionnée" du Figaro
Idem pour Le Figaro, aucun titre (sur 56 articles) "ne parle des femmes, que ce soit en politique, du côté des associations ou dans la société civile", rappelle Nawaat. "La thématique femme est abordée en se focalisant sur les peurs et les inquiétudes autour de son statut et de sa place dans la société."
Mais le site tunisien semble finalement préférer la couverture du Figaro : "On a ici une analyse froide et dépassionnée, qui relate de loin la réalité de la vie tunisienne, mais qui semble être, entre les trois journaux, la couverture la plus équitable, puisque différentes thématiques sont abordées. Comme les autres publications Le Figaro se concentre beaucoup sur le parti Ennahdha mais le fait que de nombreux articles traitent d’autres sujets finit par diluer le positionnement politique."
Analyse sémantique
A partir d'une analyse sémantique, Nawaat regrette aussi que les journaux français aient "du mal à sortir de leur grille de lecture et continuent à se focaliser sur la question de l’islamisme" : "Le trio de tête des mots les plus utilisés dans les articles est : Ennahdha, Parti(s) et Islamistes. (...) Libération a utilisé l’occurrence Ennahdha 157 fois, quasiment autant de fois que Le Monde, qui l’a utilisé 165, mais avec plus du double d’article publié : 72 articles sur la même période. Le Figaro lui a parlé 136 fois du parti Ennahdha sur les 56 articles produits."
Source:
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13908
Le culte du parti unique du journal Libération
La journaliste de Nawaat, Sana Sbouaï, a lu une trentaine d'articles parus sur le site de Libération. Et elle juge que le quotidien met systématiquement en avant le parti islamiste Ennahdha, qui n'est pourtant que l'un des trois partis unis pour gérer le pays, est toujours mis en avant : "La couverture de la vie politique est très restreinte : aucune place n’est faite aux deux autres partis de la Troïka, à leurs idées ou leurs actions."
Quant aux "partis qui ne participent pas à la Troïka", ils ne sont quasiment jamais mentionnées, "à croire qu’Ennahdha est le seul parti présent dans le pays", souligne Nawaat. "A croire que rien ne se passe dans le pays et que la Tunisie vit sous la coupe d’un parti unique, conservateur et liberticide."
Le site s'étonne aussi que les femmes aient droit à si peu de place, bien que l’Assemblée Constituante ait été composée de 27% de femmes : "Rien sur la bataille des associations ou sur les femmes candidates par exemple ou encore sur le Code du Statut Personnel…" Quant aux médias, ils ont été traités par un seul article, qui parle de la télévision tunisienne "pour expliquer que les changements attendus non pas lieu. Quid de toutes les formations, remaniements et nouveaux nés dans le monde des médias tunisiens ?"
Le Monde et ses "fantasmes"
Concernant Le Monde, sur une base plus conséquente de 72 articles, Nawaat explique : "Une place est faite aux représentants des trois partis de la Troïka : Jebali, Ben Jafaar et Marzouki. Marzouki se retrouve même mis en avant à travers un article qui relate sa rencontre avec le caricaturiste du journal : Plantu. Par contre le travail de l’ANC n’est pas mis en avant, ni le travail des partis ne participant pas à la Troïka."
Et rien sur la visite du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé en Tunisie, selon Nawaat : "Le Monde ne traite pas de la question de la diplomatie tunisienne ou de ses relations avec ses voisins : aucun titre ne parle de l’espace méditerranéen. Pas de papier non plus sur la visite d’Alain Juppé ou les déclarations de François Fillon, ce qui est assez étonnant car on pourrait tout de même s’attendre à un traitement qui positionnerait la Tunisie sur la scène internationale"
Finalement, Nawaat juge, sévère, que dans Le Monde, "la société tunisienne ne semble être appréhendée qu’à travers les fantasmes et peurs françaises : développement de l’islamisme et droits des femmes en danger."
Analyse "froide et dépassionnée" du Figaro
Idem pour Le Figaro, aucun titre (sur 56 articles) "ne parle des femmes, que ce soit en politique, du côté des associations ou dans la société civile", rappelle Nawaat. "La thématique femme est abordée en se focalisant sur les peurs et les inquiétudes autour de son statut et de sa place dans la société."
Mais le site tunisien semble finalement préférer la couverture du Figaro : "On a ici une analyse froide et dépassionnée, qui relate de loin la réalité de la vie tunisienne, mais qui semble être, entre les trois journaux, la couverture la plus équitable, puisque différentes thématiques sont abordées. Comme les autres publications Le Figaro se concentre beaucoup sur le parti Ennahdha mais le fait que de nombreux articles traitent d’autres sujets finit par diluer le positionnement politique."
Analyse sémantique
A partir d'une analyse sémantique, Nawaat regrette aussi que les journaux français aient "du mal à sortir de leur grille de lecture et continuent à se focaliser sur la question de l’islamisme" : "Le trio de tête des mots les plus utilisés dans les articles est : Ennahdha, Parti(s) et Islamistes. (...) Libération a utilisé l’occurrence Ennahdha 157 fois, quasiment autant de fois que Le Monde, qui l’a utilisé 165, mais avec plus du double d’article publié : 72 articles sur la même période. Le Figaro lui a parlé 136 fois du parti Ennahdha sur les 56 articles produits."
Source:
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13908
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