Tunisie: La saison touristique 2012 vue par Elyes Fakhfakh
Quel est le bilan de l’activité de la saison touristique ?Depuis que nous sommes à la tête du ministère du Tourisme, nous avons fixé une batterie d’objectifs pour restructurer le secteur sinistré. Il y a des objectifs conjoncturels et nous avons consacré toute notre énergie au premier objectif. Il y avait eu des changements et des tournants dans le secteur touristique dans le monde que la Tunisie n’a pas su négocier à son tour, ce qui a fait du tourisme tunisien un secteur souffrant. Nous sommes en train de restructurer un secteur souffrant.
Pour moi, le deuxième objectif est le tourisme saisonnier. Les 6 premiers mois de 2012 représentent une progression de 40%, les trois mois de l’été 30% et l’arrière- saison (octobre, novembre, décembre) 20%.
On peut dire qu’à la fin de mois d’août, on aura les 70%, et sur les 70% aujourd’hui on a une progression de 35% par rapport à 2011 qui n’est pas une année de référence. Nous avons réduit l’écart par rapport à 2010 qui a été de l’ordre de 50%, en 2011, et à moins de 15%, en 2012.Environ 900 mille visiteurs supplémentaires, plus de 7 millions de nuitées supplémentaires, des recettes en devises qui ont progressé de 37%, soit toujours un écart de 15% par rapport 2010.
C’est cela notre objectif, il s’agit de se rapprocher de celui de 2010. C’est vrai qu’on ne peut pas récupérer en une seule année les pertes de 40%, mais au moins on a essayé de récupérer la moitié voire plus que la moitié. C’est ce que nous avons pu réaliser, au cours des 7 premiers mois 2012.
L’annonce est plutôt positive sur l’arrière-saison (la fin du mois d’août est bonne malgré le mois saint). Le mois de septembre s’annonce bien. Nous sommes en train de réduire l’écart qui a été à moins de 20%, et, aujourd’hui, on parle de -10%.
Il faut beaucoup de travail collectif, et ce en collaboration avec les professionnels du secteur et les ministères de tutelle, surtout le ministère de l’Intérieur.
Vous êtes optimiste au sujet de la saison estivale. Toutefois, les professionnels ne sont pas vraiment optimistes pour l’arrière-saison, surtout que plusieurs journaux internationaux regorgent des derniers événements salafistes. Est-ce que ces évènements peuvent réellement menacer la confirmation de la reprise touristique ?
Nous condamnons tout acte de violence, et le gouvernement est en train de combattre ce fléau. L’histoire montre que ce phénomène n’est pas en train d’entraver l’activité touristique. Il y a une focalisation, une exploitation par rapport à la réalité par certains médias, en Tunisie ou ailleurs.
Il faut continuer à construire et à communiquer sur des choses positives. Soyons objectifs, moi, ça me fait sourire d’entendre parler de l’existence d’une situation catastrophique.
L’annulation des spectacles culturels existe, non seulement en Tunisie mais aussi à l’étranger. Par exemple, en octobre 2011, des fondamentalistes chrétiens en France ont annulé, pendant une semaine, un spectacle, et deux mois auparavant, ils avaient annulé une exposition de photos.
En tant que ministre appartenant au mouvement Ettakattol et en relation avec le mouvement Ennahdha, qui est l’un des supporteurs des salafistes et qui n’a jamais pris une position claire et nette contre ces personnes, est-ce que vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les salafistes ont disparu, juste après les évènements du 9 avril pour réapparaître de nouveau et s’attaquer au secteur culturel ?
Tout d’abord, permettez-moi de vous dire que, personnellement, je n’aime pas les termes génériques tels que salafistes. Je n’ai aucun problème avec le salafiste. Il y a une tranche de salafistes qui sont des orthodoxes qui deviennent violents parce qu’ils veulent imposer leurs idées. Ce phénomène existe partout dans le monde. Nous avons un problème avec cette catégorie, parce que la loi interdit à quiconque d’imposer ses pensées. Pour imposer un tel avis, il faut présenter un programme bien défini et par la suite passer par les élections.
Deuxièmement, derrière le terme salafiste, se cachent plusieurs choses. Il y a par exemple le banditisme, l’ancien système associé au trafic de drogues, d’alcool. Ceci explique par la suite la non-réussite de la Révolution. C’est vrai qu’il y a des salafistes violents et la justice prendra en charge cette affaire.
Vous me dites que plusieurs salafistes sont libérés, je pense que c’est votre tâche d’investiguer. Moi, je n’ai jamais vu une investigation sur ce mouvement, en quoi consiste-t-il, son activité, d’où provient son financement …Il n’y a aucun journaliste qui travaille sur ce sujet. Il faut avoir des informations et non des vaticinations.
Pour vous, il faut donc distinguer la partie qui pourrait être dangereuse. Et vous croyez déjà que le gouvernement est en train d ‘essayer de neutraliser cette partie du mouvement salafiste ?
Le gouvernement aujourd’hui fait face à plusieurs défis, il y a un appareil sécuritaire qui est en train d’être stabilisé. Cet appareil est responsable et il est encore en bonne santé. Moi, je ne parle pas du terme « salafiste » dans l’absolu. Les salafistes violents, c’est la tolérance zéro . La loi devra donc être appliquée.
Selon vous, ce phénomène est contenu dans des proportions données et il ne pourrait pas représenter une grande menace pour le tourisme ?
Le réseau d’extrémisme violent s’est développé depuis l’ère de Ben Ali. Ce n’est pas le gouvernement qui l’a développé, c’est l’héritage de l’ancien régime. La pauvreté, la répression sont à l’origine de ce genre de fanatisme. Aujourd’hui, il faut présenter la Tunisie aux autres comme un pays tolérant et modéré. Nous savons bien que toutes les révolutions ont besoin de 4 or 5 ans pour que les choses s’organisent.
Est-ce que la partie violente des salafistes représente une menace pour le tourisme ?
Oui bien sûr, elle est, en premier lieu, menaçante pour le tourisme et, en second lieu, pour les Tunisiens. A ce jour, environ 4 millions de touristes ont visité la Tunisie. Les actes de violences qui ont été enregistrés sont des actes isolés. On ne peut pas parler de fléau ou d’un secteur visé par quelque mouvement et notamment le mouvement salafiste.
Les spectacles de théâtre ont été bien réussis. Il y a eu trois cas de violences pour 5000 spectacles. Nous recevons des rapports journaliers sur les incidents survenus dans le pays et nous n’avons enregistré aucune dérive sur les plages, les restaurants. Il y a seulement des incidents de vols, ça se passe partout, mais on n’a pas d’incidents concernant le courant salafiste. La saison estivale a été bien sécurisée, malgré les soupçons. Le secteur touristique n’est pas ciblé et n’est pas menacé. Nous réagissons par rapport aux faits et non pas sur la base de rumeurs.
Vous avez promis 7 millions de touristes à la fin de l’année en cours ?
Non, jamais. Nous avons dit qu’on aura au moins un million de visiteurs supplémentaires par rapport à 2011. Malgré les obstacles qui ont été enregistrés en Tunisie, comme les événements de Bizerte, nous nous sommes engagés à ramener 6 millions de touristes à la fin de cette année.
En matière d’entrée de devises ?
La baisse enregistrée l’année dernière, en termes des pertes, est de 34%. Nous avons dit qu’on va gagner au moins la moitié de cette année. Pour le moment, je ne peux pas dire combien.
Qu’en est-il de la grande question de l’endettement du secteur touristique ? Les professionnels nous disent que le ministère serait en voie de trouver une solution et qu’ils auraient été tenus en dehors de son élaboration.
Ce n’est pas exactement cela, mais ce n’est pas complètement faux non plus. L’endettement est un ancien problème et il avait été traité, sans réelle volonté de le faire en laissant les banques et les hôteliers trouver les solutions. Nous avons essayé le recouvrement, qui n’a par ailleurs récupéré que 15 % de cette dette. Nous avons essayé les rééchelonnements et les baisses. La situation s’envenime et la dette s’était multipliée par trois et devient critique surtout avec la baisse de 40%. Donc, il faut trouver une solution radicale et courageuse.
Comment vous l’imaginez, cette solution ?
Il faut d’abord préciser que la profession a participé au diagnostic fait à l’initiative de la Banque centrale (BCT) et de la Banque mondiale (BM), consistant à étudier la situation, d’une part, et, d’autre part, voir quelles sont les solutions appliquées dans d’autres pays. Il fallait par la suite trouver la solution consensuelle entre la BCT, la BM et le ministère des Finances. C’est maintenant qu’on doit en informer les professionnels et les faire participer à sa mise en exécution. Il s’agit donc de créer une société de gestion des fonds, issue du secteur bancaire qui pourra y participer et à laquelle prendront part aussi les fonds de gestion et de restructuration de la dette. C’est cette société qui trouvera les solutions à la question de la dette, au cas par cas. Ce n’est pas, non plus, toute la dette qui sera concernée. Il y a la dette conjoncturelle qui restera entre le privé et le public. Il y a la dette structurelle qui demande recapitalisation et une solution technique. Il y a enfin une dette carbonisée. C’est cette dernière que prendra en gestion la société à créer. La gestion se fera par la vente, par la conversion ou à par l’intégration dans une chaîne globale. Il appartiendra à la société de décider.
Pour les mauvais crédits au passif du secteur du tourisme, est-ce que leur sort va être confié aux banques quelles soient privées ou publiques, ou à un fonds d’investissement ?
Il s’agit de créer une société de gestion d’actifs. Cette société aura des pouvoirs extraordinaires. Elle sera créée par une loi et aura des superpouvoirs, comme celui de pouvoir vendre une garantie sans passer par la loi et la justice. Nous sommes en train de communiquer avec les parties concernées, le ministère de la Justice et les experts internationaux, à l’effet de préparer la loi pour la création de cette société.
Est-ce que vous avez le montant actualisé de cette dette ?
La dette douteuses ou créances accrochées englobent une partie agios et une partie principale. Le principal est estimé entre 700 et 900 millions de dinars et les agios entre 300 et 500 millions de dinars.
Est-ce que vous êtes d’avis qu’il faut faire la différence entre l’hôtel et l’hôtelier ?
Il y a des intrus dans ce secteur, c’est ça le problème en Tunisie.
Tous les ministères parlent actuellement des affaires de corruption. Avez-vous découvert des cas de malversation, mauvaise gestion ou de corruption ?
Cette démarche a commencé juste après la Révolution. Citons à ce propos la commission d’investigation sur la corruption qui a récupéré des dossiers de corruption. La justice est en train d’investiguer sur ces affaires.
Combien y a-t-il de dossiers de corruption au niveau du ministère du Tourisme ?
Plus de 100 dossiers.
Quels genres de dossiers ?
Il y a des dossiers qui concernent la gestion, comme celui de certains marchés accordés en dehors du respect des règles administratives. Le plus gros des dossiers a trait à la vente des terrains à des prix non réalistes ou avec des privilèges et cela concerne bien sûr le tourisme, des options données aux uns et pas aux autres, des options qui devaient être levées et qui ne l’ont pas été ou le contraire ou encore l’attribution de terrains sur instructions ou lorsqu’on envoie le plan d’aménagement et qu’on le reçoit après avec les noms voulus indiqués sur les terrains voulus. Il y a aussi des affaires concernant des marchés et d’autres dossiers, pas nombreux, il faut le dire, concernant les emplois fictifs
Ce sont des dossiers touchant l’agence foncière touristique ?
Bien sûr.
Dans votre ministère, est-ce que vous avez découvert des dossiers de corruption et de mauvaise gestion, et quels en sont les responsables ?
Ce n’est pas à nous de le dire, mais plutôt à la justice, puisque ces affaires sont actuellement entre ses mains. Nous jouions, jusque là, le rôle de passerelle de transmission de données. Je viens cependant de créer une commission qui sera chargée, non seulement de transmettre les dossiers à la justice, mais aussi de faire le suivi de ces affaires pour être en mesure d’en suivre le développement. Nous suivons, jusque là, les procédures de la justice conventionnelle. Après la loi sur la justice transitionnelle, viendra le tour d’un autre type de dossiers, notamment ceux où il y a eu des privilèges. Le but est de connaître la vérité et de passer ensuite à la phase où chacun doit rendre des comptes, pour enfin arriver à la réconciliation. L’Etat tiendra par la suite compte du degré et de la nature du «Fassed ». Ce qui est sûr, c’est que le secteur touristique est miné par la corruption, surtout dans le domaine foncier.
http://www.africanmanager.com/143130.html
Pour moi, le deuxième objectif est le tourisme saisonnier. Les 6 premiers mois de 2012 représentent une progression de 40%, les trois mois de l’été 30% et l’arrière- saison (octobre, novembre, décembre) 20%.
On peut dire qu’à la fin de mois d’août, on aura les 70%, et sur les 70% aujourd’hui on a une progression de 35% par rapport à 2011 qui n’est pas une année de référence. Nous avons réduit l’écart par rapport à 2010 qui a été de l’ordre de 50%, en 2011, et à moins de 15%, en 2012.Environ 900 mille visiteurs supplémentaires, plus de 7 millions de nuitées supplémentaires, des recettes en devises qui ont progressé de 37%, soit toujours un écart de 15% par rapport 2010.
C’est cela notre objectif, il s’agit de se rapprocher de celui de 2010. C’est vrai qu’on ne peut pas récupérer en une seule année les pertes de 40%, mais au moins on a essayé de récupérer la moitié voire plus que la moitié. C’est ce que nous avons pu réaliser, au cours des 7 premiers mois 2012.
L’annonce est plutôt positive sur l’arrière-saison (la fin du mois d’août est bonne malgré le mois saint). Le mois de septembre s’annonce bien. Nous sommes en train de réduire l’écart qui a été à moins de 20%, et, aujourd’hui, on parle de -10%.
Il faut beaucoup de travail collectif, et ce en collaboration avec les professionnels du secteur et les ministères de tutelle, surtout le ministère de l’Intérieur.
Vous êtes optimiste au sujet de la saison estivale. Toutefois, les professionnels ne sont pas vraiment optimistes pour l’arrière-saison, surtout que plusieurs journaux internationaux regorgent des derniers événements salafistes. Est-ce que ces évènements peuvent réellement menacer la confirmation de la reprise touristique ?
Nous condamnons tout acte de violence, et le gouvernement est en train de combattre ce fléau. L’histoire montre que ce phénomène n’est pas en train d’entraver l’activité touristique. Il y a une focalisation, une exploitation par rapport à la réalité par certains médias, en Tunisie ou ailleurs.
Il faut continuer à construire et à communiquer sur des choses positives. Soyons objectifs, moi, ça me fait sourire d’entendre parler de l’existence d’une situation catastrophique.
L’annulation des spectacles culturels existe, non seulement en Tunisie mais aussi à l’étranger. Par exemple, en octobre 2011, des fondamentalistes chrétiens en France ont annulé, pendant une semaine, un spectacle, et deux mois auparavant, ils avaient annulé une exposition de photos.
En tant que ministre appartenant au mouvement Ettakattol et en relation avec le mouvement Ennahdha, qui est l’un des supporteurs des salafistes et qui n’a jamais pris une position claire et nette contre ces personnes, est-ce que vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les salafistes ont disparu, juste après les évènements du 9 avril pour réapparaître de nouveau et s’attaquer au secteur culturel ?
Tout d’abord, permettez-moi de vous dire que, personnellement, je n’aime pas les termes génériques tels que salafistes. Je n’ai aucun problème avec le salafiste. Il y a une tranche de salafistes qui sont des orthodoxes qui deviennent violents parce qu’ils veulent imposer leurs idées. Ce phénomène existe partout dans le monde. Nous avons un problème avec cette catégorie, parce que la loi interdit à quiconque d’imposer ses pensées. Pour imposer un tel avis, il faut présenter un programme bien défini et par la suite passer par les élections.
Deuxièmement, derrière le terme salafiste, se cachent plusieurs choses. Il y a par exemple le banditisme, l’ancien système associé au trafic de drogues, d’alcool. Ceci explique par la suite la non-réussite de la Révolution. C’est vrai qu’il y a des salafistes violents et la justice prendra en charge cette affaire.
Vous me dites que plusieurs salafistes sont libérés, je pense que c’est votre tâche d’investiguer. Moi, je n’ai jamais vu une investigation sur ce mouvement, en quoi consiste-t-il, son activité, d’où provient son financement …Il n’y a aucun journaliste qui travaille sur ce sujet. Il faut avoir des informations et non des vaticinations.
Pour vous, il faut donc distinguer la partie qui pourrait être dangereuse. Et vous croyez déjà que le gouvernement est en train d ‘essayer de neutraliser cette partie du mouvement salafiste ?
Le gouvernement aujourd’hui fait face à plusieurs défis, il y a un appareil sécuritaire qui est en train d’être stabilisé. Cet appareil est responsable et il est encore en bonne santé. Moi, je ne parle pas du terme « salafiste » dans l’absolu. Les salafistes violents, c’est la tolérance zéro . La loi devra donc être appliquée.
Selon vous, ce phénomène est contenu dans des proportions données et il ne pourrait pas représenter une grande menace pour le tourisme ?
Le réseau d’extrémisme violent s’est développé depuis l’ère de Ben Ali. Ce n’est pas le gouvernement qui l’a développé, c’est l’héritage de l’ancien régime. La pauvreté, la répression sont à l’origine de ce genre de fanatisme. Aujourd’hui, il faut présenter la Tunisie aux autres comme un pays tolérant et modéré. Nous savons bien que toutes les révolutions ont besoin de 4 or 5 ans pour que les choses s’organisent.
Est-ce que la partie violente des salafistes représente une menace pour le tourisme ?
Oui bien sûr, elle est, en premier lieu, menaçante pour le tourisme et, en second lieu, pour les Tunisiens. A ce jour, environ 4 millions de touristes ont visité la Tunisie. Les actes de violences qui ont été enregistrés sont des actes isolés. On ne peut pas parler de fléau ou d’un secteur visé par quelque mouvement et notamment le mouvement salafiste.
Les spectacles de théâtre ont été bien réussis. Il y a eu trois cas de violences pour 5000 spectacles. Nous recevons des rapports journaliers sur les incidents survenus dans le pays et nous n’avons enregistré aucune dérive sur les plages, les restaurants. Il y a seulement des incidents de vols, ça se passe partout, mais on n’a pas d’incidents concernant le courant salafiste. La saison estivale a été bien sécurisée, malgré les soupçons. Le secteur touristique n’est pas ciblé et n’est pas menacé. Nous réagissons par rapport aux faits et non pas sur la base de rumeurs.
Vous avez promis 7 millions de touristes à la fin de l’année en cours ?
Non, jamais. Nous avons dit qu’on aura au moins un million de visiteurs supplémentaires par rapport à 2011. Malgré les obstacles qui ont été enregistrés en Tunisie, comme les événements de Bizerte, nous nous sommes engagés à ramener 6 millions de touristes à la fin de cette année.
En matière d’entrée de devises ?
La baisse enregistrée l’année dernière, en termes des pertes, est de 34%. Nous avons dit qu’on va gagner au moins la moitié de cette année. Pour le moment, je ne peux pas dire combien.
Qu’en est-il de la grande question de l’endettement du secteur touristique ? Les professionnels nous disent que le ministère serait en voie de trouver une solution et qu’ils auraient été tenus en dehors de son élaboration.
Ce n’est pas exactement cela, mais ce n’est pas complètement faux non plus. L’endettement est un ancien problème et il avait été traité, sans réelle volonté de le faire en laissant les banques et les hôteliers trouver les solutions. Nous avons essayé le recouvrement, qui n’a par ailleurs récupéré que 15 % de cette dette. Nous avons essayé les rééchelonnements et les baisses. La situation s’envenime et la dette s’était multipliée par trois et devient critique surtout avec la baisse de 40%. Donc, il faut trouver une solution radicale et courageuse.
Comment vous l’imaginez, cette solution ?
Il faut d’abord préciser que la profession a participé au diagnostic fait à l’initiative de la Banque centrale (BCT) et de la Banque mondiale (BM), consistant à étudier la situation, d’une part, et, d’autre part, voir quelles sont les solutions appliquées dans d’autres pays. Il fallait par la suite trouver la solution consensuelle entre la BCT, la BM et le ministère des Finances. C’est maintenant qu’on doit en informer les professionnels et les faire participer à sa mise en exécution. Il s’agit donc de créer une société de gestion des fonds, issue du secteur bancaire qui pourra y participer et à laquelle prendront part aussi les fonds de gestion et de restructuration de la dette. C’est cette société qui trouvera les solutions à la question de la dette, au cas par cas. Ce n’est pas, non plus, toute la dette qui sera concernée. Il y a la dette conjoncturelle qui restera entre le privé et le public. Il y a la dette structurelle qui demande recapitalisation et une solution technique. Il y a enfin une dette carbonisée. C’est cette dernière que prendra en gestion la société à créer. La gestion se fera par la vente, par la conversion ou à par l’intégration dans une chaîne globale. Il appartiendra à la société de décider.
Pour les mauvais crédits au passif du secteur du tourisme, est-ce que leur sort va être confié aux banques quelles soient privées ou publiques, ou à un fonds d’investissement ?
Il s’agit de créer une société de gestion d’actifs. Cette société aura des pouvoirs extraordinaires. Elle sera créée par une loi et aura des superpouvoirs, comme celui de pouvoir vendre une garantie sans passer par la loi et la justice. Nous sommes en train de communiquer avec les parties concernées, le ministère de la Justice et les experts internationaux, à l’effet de préparer la loi pour la création de cette société.
Est-ce que vous avez le montant actualisé de cette dette ?
La dette douteuses ou créances accrochées englobent une partie agios et une partie principale. Le principal est estimé entre 700 et 900 millions de dinars et les agios entre 300 et 500 millions de dinars.
Est-ce que vous êtes d’avis qu’il faut faire la différence entre l’hôtel et l’hôtelier ?
Il y a des intrus dans ce secteur, c’est ça le problème en Tunisie.
Tous les ministères parlent actuellement des affaires de corruption. Avez-vous découvert des cas de malversation, mauvaise gestion ou de corruption ?
Cette démarche a commencé juste après la Révolution. Citons à ce propos la commission d’investigation sur la corruption qui a récupéré des dossiers de corruption. La justice est en train d’investiguer sur ces affaires.
Combien y a-t-il de dossiers de corruption au niveau du ministère du Tourisme ?
Plus de 100 dossiers.
Quels genres de dossiers ?
Il y a des dossiers qui concernent la gestion, comme celui de certains marchés accordés en dehors du respect des règles administratives. Le plus gros des dossiers a trait à la vente des terrains à des prix non réalistes ou avec des privilèges et cela concerne bien sûr le tourisme, des options données aux uns et pas aux autres, des options qui devaient être levées et qui ne l’ont pas été ou le contraire ou encore l’attribution de terrains sur instructions ou lorsqu’on envoie le plan d’aménagement et qu’on le reçoit après avec les noms voulus indiqués sur les terrains voulus. Il y a aussi des affaires concernant des marchés et d’autres dossiers, pas nombreux, il faut le dire, concernant les emplois fictifs
Ce sont des dossiers touchant l’agence foncière touristique ?
Bien sûr.
Dans votre ministère, est-ce que vous avez découvert des dossiers de corruption et de mauvaise gestion, et quels en sont les responsables ?
Ce n’est pas à nous de le dire, mais plutôt à la justice, puisque ces affaires sont actuellement entre ses mains. Nous jouions, jusque là, le rôle de passerelle de transmission de données. Je viens cependant de créer une commission qui sera chargée, non seulement de transmettre les dossiers à la justice, mais aussi de faire le suivi de ces affaires pour être en mesure d’en suivre le développement. Nous suivons, jusque là, les procédures de la justice conventionnelle. Après la loi sur la justice transitionnelle, viendra le tour d’un autre type de dossiers, notamment ceux où il y a eu des privilèges. Le but est de connaître la vérité et de passer ensuite à la phase où chacun doit rendre des comptes, pour enfin arriver à la réconciliation. L’Etat tiendra par la suite compte du degré et de la nature du «Fassed ». Ce qui est sûr, c’est que le secteur touristique est miné par la corruption, surtout dans le domaine foncier.
http://www.africanmanager.com/143130.html
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