"Faire de la politique autrement" demande de modifier structurellement l'état du pouvoir politique

« La plupart d’entre nous persistent à croire que tous les choix, et même les choix politiques, se font entre le bien et le mal, et que du moment qu’une chose est nécessaire, elle doit aussi être bonne. Il nous faudrait, je pense, dépouiller cette croyance qui relève du jardin d’enfants. En politique, on ne peut jamais opter que pour un moindre mal. »
George ORWELL


Le malaise de la représentation politique ne date pas d'hier dans le monde. Depuis les années 80, "la fin des idéologies" a ruiné les espoirs que beaucoup entretenaient dans l'action politique. La jeunesse dans ce contexte ne s'est pas engagée massivement dans les structures partisanes. Il serait cependant erroné d'y voir les conséquences d'une "génération a-politique" individualiste et marchande. Les sensibilisations à la lutte contre l'extrêmisme ou à la contestation de la mondialisation libérale prouvent l'inverse...

Mais peut-il en être autrement pour une question institutionnelle ? Ce que veulent les gens, c'est de pouvoir peser sur le quotidien. La politique doit pouvoir répondre à l'exigence de proximité de notre société. Pour être entendu, il faut expliquer en quoi une mesure institutionnelle ou globale aura des incidences concrètes sur la vie de chacun. En ce sens, la démocratie locale peut favoriser l'engagement de tous, et plus particulièrement des jeunes, dans la vie politique. Il n'est pas possible, non plus, d'expliquer cette désaffection par l'inexistence d'enjeu politique majeur dans les débat publics. Bien au contraire, face à un monde qui évolue en permanence, les possibilités de choix de société se font plus nombreux.

En fait, c'est, en partie, l'impuissance affichée des responsables politiques à réussir à "changer la vie", qui n'a pas favorisé l'émergence d'une génération engagée. Refusant de prendre ses responsabilités, le politique a trop souvent déserté les espaces de décision et donc réduit d'autant ses capacités d'action. Son impopularité s'explique donc par un défaut généralisé de sens. Comme aime à le répéter Alain Finkelkraut, "nous sommes dans une époque qui semble être celle du mouvement pour le mouvement, de la production pour la production, de la consommation pour la consommation. Il y a bien un moment donné où il faut s'interroger sur le sens du mouvement, mais on ne le fait jamais". Cette interrogation est absente car la capacité d'action politique s'est effacée au profit de la logique du marché. Avouons-le nous, le politique s'est affaibli en s'imposant des limites. Non qu'il soit nécessaire de tenir des discours hors du temps et des réalités, mais plutôt parce qu'il est destructeur d'abandonner toute volonté de transformation du réel. Et aujourd'hui, à force de jouer les auxiliaires impuissants, les hommes politiques se perdent régulièrement dans le confort du pragmatisme et de la spécialisation. Dès lors, qui voudrait s'engager dans quelque chose qui se refuse d'exister?
Pour développer l'engagement politique chez nos concitoyens, il faut se réapproprier une véritable capacité d'action politique en redéfinissant son espace, ses acteurs et son contenu.


"Faire de la politique autrement" demande de modifier structurellement l'état du pouvoir politique. C'est en bouleversant ses composantes, en investissant de nouveaux domaines, et en se dotant d'une orientation claire et lisible, que nous pourrons réellement peser dans les choix de civilisation. Pour cela, nous devons sortir des schémas classiques et s'adresser aux citoyens qui ne sont pas habituellement concernés par la vie politique. En devenant plus politique et moins technique, nous ferons alors de la politique autrement. C'est de cette façon que nous amènerons les citoyens à s'engager.

Extrait d'un article publié par Said Rahmani et Maxime des Gayets "politique autrement"
http://pluriel.free.fr/analyses03.html

 

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