Pour qui roule Standard & Poor's ?
«Ce sont les Etats-Unis. Peu importe ce que dit telle ou telle agence, nous avons toujours été et serons toujours “triple A”.» L'air grave, Barack Obama s'est exprimé pour la première fois lundi 8 août depuis la Maison Blanche sur la dégradation inédite de la dette américaine par Standard & Poor's. C'est que la sentence, tombée vendredi, provenant d'une des trois agences de notation du monde, a provoqué une déflagration boursière dont personne ne sait aujourd'hui quelle sera l'ampleur. Lundi, les bourses asiatiques, européennes et Wall Street ont clôturé en très forte baisse. Mardi 9 août, l'Asie a rembrayé sur du rouge, et les bourses européennes plongeaient en fin de matinée.
L'effet boule de neige est-il lancé? S&P a en tout cas dégradé lundi les organismes de refinancement des prêts immobiliers Fannie Mae et Freddie Mac nationalisés pendant la crise. Et continue de menacer d'une nouvelle dégradation de la note américaine, l'évaluant même à «au moins une chance sur 3» dans «les 6 à 24 mois à venir». Comprenne qui pourra l'oracle de la Pythie des marchés...
Depuis ce week-end, l'agence américaine à l'origine de ce chaos monstre est logiquement montrée du doigt. Soupçonnée de rouler pour les républicains, voire leur frange la plus extrémiste, le mouvement Tea Party, qui rejette toute hausse des impôts et veut des coupes drastiques dans les budgets, sociaux notamment. Accusée de manquer de mémoire vu le rôle des agences de notation dans le déclenchement de la crise de 2008, qui a largement creusé la dette des Etats. Taxée, enfin, d'incompétence notoire. Comme si cette affaire révélait une nouvelle fois, s'il en était encore besoin, la place outrageusement indue attribuée dans le système financier à trois agences de notation qui font la pluie, le beau temps, et prétendent même décider de l'avenir.
Pour Standard & Poor's, qui a passé le week-end à justifier sa décision, la dégradation n'a rien d'une surprise. Et elle est d'abord politique, car démocrates et républicains ont mis des mois avant de s'entendre au Congrès sur une réduction de la (gigantesque) dette publique américaine. «L'abaissement de la note réflète notre appréciation selon laquelle l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de l'élaboration des politiques publiques et des institutions politiques se sont affaiblies dans un contexte toujours existant de défis budgétaires et économiques», a affirmé David Beers, le “M. notation” de l'agence, qui trouve le compromis final trop peu ambitieux.
En avril, alors que les discussions sur la réduction de la dette n'avaient pas commencé, S&P avait mis sous perspective négative la note souveraine des Etats-Unis. Rien donc de plus logique, selon l'agence, que de dégrader: le Congrès a trouvé un accord au bord du précipice, quelques heures seulement avant que les Etats-Unis n'aient atteint le plafond de leur dette et se retrouvent en défaut de paiement...
De tels arguments font hurler les proches conseillers d'Obama. «C'est une dégradation Tea party», s'est insurgé le conseiller d'Obama, David Axelrod, rejoint par l'ancien candidat à la présidentielle en 2008, John Kerry.
La décision de Standard and Poor's fait objectivement le jeu de cette frange traditionaliste et extrémiste du parti républicain dont l'ancienne candidate à la vice-présidente en 2010, Sarah Palin, est une des héroïnes. «Une droite extrémiste, prête à provoquer des crises répétées plutôt que de céder un pouce sur ces exigences» et qui prend la politique américaine en otage, selon le prix Nobel d'économie Paul Krugman, très prolixe ces jours-ci dans les pages du New York Times et sur son blog. «De dangereux maniaques», selon The New Republic, une revue proche des démocrates.
Depuis vendredi, le Tea Party a de quoi exulter. «L'accord trouvé n'était en effet pas une tentative sérieuse de résoudre notre problème de dépenses et de dettes», a applaudi le sénateur de Caroline du Sud Jim DeMint, un des leaders du mouvement – qui a voté contre l'accord au Congrès, semblant accompagner la politique du pire.
Les républicains, tétanisés par le succès populaire de cette droite fondamentaliste, ne sont pas en reste. «Cette dégradation est un indicateur terriblement troublant, il montre combien notre pays décline avec le président Obama», a renchéri Mitt Romney, un des candidats possibles du parti pour la Maison Blanche l'an prochain.
«Des clowns»
Entre économistes, le débat fait rage sur l'opportunité de dégrader la note américaine pour un motif politique. «S&P est une agence de notation, pas un arbitre politique. Les juges olympiques jugent en théorie l'aptitude des athlètes, pas leur politique...», commente, ironique, Zachary Karabell, éditorialiste économique du Daily Beast.
Si, pour certains économistes et commentateurs qui donnent raison à Standard & Poor's, les Etats-Unis vivent bien au-dessus de leurs moyens et doivent réduire leurs dépenses, d'autres précisent que le pays n'est pas, malgré le chômage et une croissance très faible, ce champ de ruine décrit par les déclinistes de tout poil. «S'il y avait une note quadruple A+, c'est celle-là que je donnerais aux États-Unis», a ainsi lancé le milliardaire Warren Buffett, un proche d'Obama, qui passe pour l'investisseur le plus avisé du monde. «Les Etats-Unis ne sont pas à court d'argent et ont les ressources financières pour garantir leur dette», estime ainsi le chef économiste d'une grande banque japonaise cité par l'agence Bloomberg.
Mais derrière le caractère, opportun ou non, de la décision de vendredi, c'est bien l'influence gigantesque des agences de notation qui est posée. Elles ont joué un rôle crucial dans l'explosion de la bulle financière des prêts hypothécaires américains, rappelle Bloomberg. La Commission gouvernementale d'enquête sur la crise financière (FCIC), qui a rendu son rapport en janvier 2011, les a présentées comme «les agents clés de l'effondrement financier». Et une commission du Sénat américain a mis en lumière leur appât du gain, qui les conduisait à attribuer de bonnes notes à certains produits financiers pourris. «Trois jours avant que Lehman Brothers ne fasse faillite, Standard and Poor's lui avait confirmé son triple-A», rappelle Bloomberg. Or c'est justement la faillite de Lehman, le week-end du 15 septembre 2008, qui avait plongé le monde dans la crise...
Pourtant, malgré la crise, le pouvoir des agences de notation n'a pas vacillé, déplorait en janvier 2011 Jesse Eissinger, commentateur économique du site d'investigation ProPublica, alors que Standard & Poors venait une nouvelle fois d'admettre une grosse erreur et de dégrader d'un coup 1.200 instruments financiers jusque-là notés “AAA”. Les (quelques) intentions de la loi Dodd-Frank, votée aux Etats-Unis en juillet 2010, se sont évaporées et n'ont pas été mises en œuvre par le gendarme de la Bourse américaine, se lamentait (déjà) Eissinger...
Une impunité d'autant plus révoltante que Standard & Poor's apparaît une fois de plus franchement incompétente: l'agence a en effet admis s'être trompée dans le calcul qui l'a conduite à dégrader la note américaine. L'erreur n'est pas mince: ses équipes, censées maîtriser les chiffres, se sont trompées de... 2.000 milliards de dollars, comme l'a relevé illico le Trésor américain, qui a publié dès vendredi une note rageuse sur son site.
Avec son faux calcul, relève Paul Krugman, S&P (des «clowns», dit-il) arrivait à la conclusion que la dette US atteindrait 93% du PIB en 2021, alors que le Trésor lui avait communiqué le chiffre de 85%. Ce qui n'a pas empêché l'agence, avertie de cette fâcheuse erreur de calcul, d'annoncer qu'elle dégradait tout de même la note américaine. D'autant plus incompréhensible qu'en 2009, S&P avait confirmé son triple-A aux Etats-Unis alors même qu'elle prévoyait une dette de 90% à l'horizon 2013, rappelle Bloomberg. De quoi douter franchement de ses critères de notations.
Dans un très long billet, Nate Silver, journaliste économique au New York Times, relève les erreurs d'appréciation de Standard & Poor's ces dernières années. La liste est effarante. En 2006, rappelle-t-il, S&P notait l'Irlande “AAA” alors qu'elle était en train de vivre sur une bulle qui allait lui exploser à la figure deux ans plus tard. Le pays ne sera dégradé par l'agence que le 30 mars 2009, alors que ses problèmes financiers étaient devenus évidents. Jusqu'en janvier 2009, la dette grecque était notée A. L'Espagne affichait même le fameux “AAA”, alors qu'elle frôle aujourd'hui le défaut. Même l'Islande, qui a quasiment fait faillite depuis, était notée AA+ en 2006...
Nate Silver s'est aussi amusé à mettre en regard les estimations de Standard & Poor's il y a cinq ans et le risque de défaut des Etats aujourd'hui (mesuré par le prix des CDS, les credit default swaps, sortes d'assurances contre le risque de crédit). Surprise: «Les estimations de S&P il y a cinq ans ne vous auraient quasiment rien dit sur un risque de défaut aujourd'hui.» Assez gênant pour une institution dont le rôle est justement d'évaluer les risques... Plus étonnant encore, Davis montre que Standard & Poor's base l'essentiel de sa notation sur des critères très politiques comme l'indice annuel de corruption de l'ONG Transparency International. Un indice «très subjectif», rappelle Silver.
Sur le blog Economics of Contempt, un avocat d'affaires new-yorkais se fend d'un témoignage (anonyme) qui fait beaucoup de bruit depuis quelques jours. Ce spécialiste des deals financiers qui dit côtoyer les agences de notation depuis vingt ans ne masque pas son mépris pour les collaborateurs de Standard & Poor's. «Ce sont des idiots et ils méritent tout l'opprobre auquel ils sont soumis», dit-il. «Avant chaque réunion, on se demande si les gens de Standard and Poor's seront assez intelligents pour comprendre», alors que les salariés des deux autres agences mondiales, Fitch et Mood'ys, ont tout de même un «niveau minimal de compétence financière». «Vous devriez avoir honte, et j'espère sincèrement que l'heure de votre chute est arrivée», conclut l'avocat.
Un avis que ne partage certainement pas Nicolas Sarkozy. Lundi 8 août, Standard & Poor's a assuré que le triple-A français n'était pas en danger, le félicitant notamment pour la réforme des retraites. Gageons que le chef de l'Etat va abondamment s'en vanter dans les prochaines semaines. Mais avec des juges si peu crédibles, le compliment en est-il vraiment un ?
L'effet boule de neige est-il lancé? S&P a en tout cas dégradé lundi les organismes de refinancement des prêts immobiliers Fannie Mae et Freddie Mac nationalisés pendant la crise. Et continue de menacer d'une nouvelle dégradation de la note américaine, l'évaluant même à «au moins une chance sur 3» dans «les 6 à 24 mois à venir». Comprenne qui pourra l'oracle de la Pythie des marchés...
Depuis ce week-end, l'agence américaine à l'origine de ce chaos monstre est logiquement montrée du doigt. Soupçonnée de rouler pour les républicains, voire leur frange la plus extrémiste, le mouvement Tea Party, qui rejette toute hausse des impôts et veut des coupes drastiques dans les budgets, sociaux notamment. Accusée de manquer de mémoire vu le rôle des agences de notation dans le déclenchement de la crise de 2008, qui a largement creusé la dette des Etats. Taxée, enfin, d'incompétence notoire. Comme si cette affaire révélait une nouvelle fois, s'il en était encore besoin, la place outrageusement indue attribuée dans le système financier à trois agences de notation qui font la pluie, le beau temps, et prétendent même décider de l'avenir.
Pour Standard & Poor's, qui a passé le week-end à justifier sa décision, la dégradation n'a rien d'une surprise. Et elle est d'abord politique, car démocrates et républicains ont mis des mois avant de s'entendre au Congrès sur une réduction de la (gigantesque) dette publique américaine. «L'abaissement de la note réflète notre appréciation selon laquelle l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de l'élaboration des politiques publiques et des institutions politiques se sont affaiblies dans un contexte toujours existant de défis budgétaires et économiques», a affirmé David Beers, le “M. notation” de l'agence, qui trouve le compromis final trop peu ambitieux.
En avril, alors que les discussions sur la réduction de la dette n'avaient pas commencé, S&P avait mis sous perspective négative la note souveraine des Etats-Unis. Rien donc de plus logique, selon l'agence, que de dégrader: le Congrès a trouvé un accord au bord du précipice, quelques heures seulement avant que les Etats-Unis n'aient atteint le plafond de leur dette et se retrouvent en défaut de paiement...
De tels arguments font hurler les proches conseillers d'Obama. «C'est une dégradation Tea party», s'est insurgé le conseiller d'Obama, David Axelrod, rejoint par l'ancien candidat à la présidentielle en 2008, John Kerry.
La décision de Standard and Poor's fait objectivement le jeu de cette frange traditionaliste et extrémiste du parti républicain dont l'ancienne candidate à la vice-présidente en 2010, Sarah Palin, est une des héroïnes. «Une droite extrémiste, prête à provoquer des crises répétées plutôt que de céder un pouce sur ces exigences» et qui prend la politique américaine en otage, selon le prix Nobel d'économie Paul Krugman, très prolixe ces jours-ci dans les pages du New York Times et sur son blog. «De dangereux maniaques», selon The New Republic, une revue proche des démocrates.
Depuis vendredi, le Tea Party a de quoi exulter. «L'accord trouvé n'était en effet pas une tentative sérieuse de résoudre notre problème de dépenses et de dettes», a applaudi le sénateur de Caroline du Sud Jim DeMint, un des leaders du mouvement – qui a voté contre l'accord au Congrès, semblant accompagner la politique du pire.
Les républicains, tétanisés par le succès populaire de cette droite fondamentaliste, ne sont pas en reste. «Cette dégradation est un indicateur terriblement troublant, il montre combien notre pays décline avec le président Obama», a renchéri Mitt Romney, un des candidats possibles du parti pour la Maison Blanche l'an prochain.
«Des clowns»
Entre économistes, le débat fait rage sur l'opportunité de dégrader la note américaine pour un motif politique. «S&P est une agence de notation, pas un arbitre politique. Les juges olympiques jugent en théorie l'aptitude des athlètes, pas leur politique...», commente, ironique, Zachary Karabell, éditorialiste économique du Daily Beast.
Si, pour certains économistes et commentateurs qui donnent raison à Standard & Poor's, les Etats-Unis vivent bien au-dessus de leurs moyens et doivent réduire leurs dépenses, d'autres précisent que le pays n'est pas, malgré le chômage et une croissance très faible, ce champ de ruine décrit par les déclinistes de tout poil. «S'il y avait une note quadruple A+, c'est celle-là que je donnerais aux États-Unis», a ainsi lancé le milliardaire Warren Buffett, un proche d'Obama, qui passe pour l'investisseur le plus avisé du monde. «Les Etats-Unis ne sont pas à court d'argent et ont les ressources financières pour garantir leur dette», estime ainsi le chef économiste d'une grande banque japonaise cité par l'agence Bloomberg.
Mais derrière le caractère, opportun ou non, de la décision de vendredi, c'est bien l'influence gigantesque des agences de notation qui est posée. Elles ont joué un rôle crucial dans l'explosion de la bulle financière des prêts hypothécaires américains, rappelle Bloomberg. La Commission gouvernementale d'enquête sur la crise financière (FCIC), qui a rendu son rapport en janvier 2011, les a présentées comme «les agents clés de l'effondrement financier». Et une commission du Sénat américain a mis en lumière leur appât du gain, qui les conduisait à attribuer de bonnes notes à certains produits financiers pourris. «Trois jours avant que Lehman Brothers ne fasse faillite, Standard and Poor's lui avait confirmé son triple-A», rappelle Bloomberg. Or c'est justement la faillite de Lehman, le week-end du 15 septembre 2008, qui avait plongé le monde dans la crise...
Pourtant, malgré la crise, le pouvoir des agences de notation n'a pas vacillé, déplorait en janvier 2011 Jesse Eissinger, commentateur économique du site d'investigation ProPublica, alors que Standard & Poors venait une nouvelle fois d'admettre une grosse erreur et de dégrader d'un coup 1.200 instruments financiers jusque-là notés “AAA”. Les (quelques) intentions de la loi Dodd-Frank, votée aux Etats-Unis en juillet 2010, se sont évaporées et n'ont pas été mises en œuvre par le gendarme de la Bourse américaine, se lamentait (déjà) Eissinger...
Une impunité d'autant plus révoltante que Standard & Poor's apparaît une fois de plus franchement incompétente: l'agence a en effet admis s'être trompée dans le calcul qui l'a conduite à dégrader la note américaine. L'erreur n'est pas mince: ses équipes, censées maîtriser les chiffres, se sont trompées de... 2.000 milliards de dollars, comme l'a relevé illico le Trésor américain, qui a publié dès vendredi une note rageuse sur son site.
Avec son faux calcul, relève Paul Krugman, S&P (des «clowns», dit-il) arrivait à la conclusion que la dette US atteindrait 93% du PIB en 2021, alors que le Trésor lui avait communiqué le chiffre de 85%. Ce qui n'a pas empêché l'agence, avertie de cette fâcheuse erreur de calcul, d'annoncer qu'elle dégradait tout de même la note américaine. D'autant plus incompréhensible qu'en 2009, S&P avait confirmé son triple-A aux Etats-Unis alors même qu'elle prévoyait une dette de 90% à l'horizon 2013, rappelle Bloomberg. De quoi douter franchement de ses critères de notations.
Dans un très long billet, Nate Silver, journaliste économique au New York Times, relève les erreurs d'appréciation de Standard & Poor's ces dernières années. La liste est effarante. En 2006, rappelle-t-il, S&P notait l'Irlande “AAA” alors qu'elle était en train de vivre sur une bulle qui allait lui exploser à la figure deux ans plus tard. Le pays ne sera dégradé par l'agence que le 30 mars 2009, alors que ses problèmes financiers étaient devenus évidents. Jusqu'en janvier 2009, la dette grecque était notée A. L'Espagne affichait même le fameux “AAA”, alors qu'elle frôle aujourd'hui le défaut. Même l'Islande, qui a quasiment fait faillite depuis, était notée AA+ en 2006...
Nate Silver s'est aussi amusé à mettre en regard les estimations de Standard & Poor's il y a cinq ans et le risque de défaut des Etats aujourd'hui (mesuré par le prix des CDS, les credit default swaps, sortes d'assurances contre le risque de crédit). Surprise: «Les estimations de S&P il y a cinq ans ne vous auraient quasiment rien dit sur un risque de défaut aujourd'hui.» Assez gênant pour une institution dont le rôle est justement d'évaluer les risques... Plus étonnant encore, Davis montre que Standard & Poor's base l'essentiel de sa notation sur des critères très politiques comme l'indice annuel de corruption de l'ONG Transparency International. Un indice «très subjectif», rappelle Silver.
Sur le blog Economics of Contempt, un avocat d'affaires new-yorkais se fend d'un témoignage (anonyme) qui fait beaucoup de bruit depuis quelques jours. Ce spécialiste des deals financiers qui dit côtoyer les agences de notation depuis vingt ans ne masque pas son mépris pour les collaborateurs de Standard & Poor's. «Ce sont des idiots et ils méritent tout l'opprobre auquel ils sont soumis», dit-il. «Avant chaque réunion, on se demande si les gens de Standard and Poor's seront assez intelligents pour comprendre», alors que les salariés des deux autres agences mondiales, Fitch et Mood'ys, ont tout de même un «niveau minimal de compétence financière». «Vous devriez avoir honte, et j'espère sincèrement que l'heure de votre chute est arrivée», conclut l'avocat.
Un avis que ne partage certainement pas Nicolas Sarkozy. Lundi 8 août, Standard & Poor's a assuré que le triple-A français n'était pas en danger, le félicitant notamment pour la réforme des retraites. Gageons que le chef de l'Etat va abondamment s'en vanter dans les prochaines semaines. Mais avec des juges si peu crédibles, le compliment en est-il vraiment un ?
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