Tunisie: Quelles tendances pour les élections de 2013 ?

Le 27 septembre dernier, l’institut indépendant Sigma Conseil dévoilait les résultats de son sondage sur les intentions de vote des tunisiens. Une enquête menée dans les 24 gouvernorats du pays, et dont les résultats éclairent d’un nouveau jour le paysage politique tunisien.
En effet, malgré la vague de contestation qui s’élève dans tout le pays, pour des raisons tant économiques que sociales, la popularité du parti islamiste au pouvoir n’est pas entachée. Comme en octobre 2011, lors de l’élection pour l’Assemblée constituante, Ennahdha recueille 36,5 % des intentions de vote. Pour Hassan Zarghouni, Directeur Général de Sigma Conseil, ces chiffres sont à prendre avec précaution.

Hassan Zarghouni, Directeur Général de Sigma Conseil :

« Ils n’y a pas de vrai culture démocratique en Tunisie, de culture politique à l’occidentale. Rajoutez à cela le momentum révolutionnaire, qui veut que la question des valeurs prime sur les questions rationnelles et objectives, telles que la répartition des richesses. Ils ont voté pour des raisons identitaires, des valeurs, des gens qui ne trichent pas, qui ne volent pas. Des gens qui « connaissent dieu », comme on dit en Tunisie ».

Les deux autres formations de la Troïka au pouvoir confirment elles aussi leur place dans l’échiquier politique tunisien. Le Congrès Pour la République, du président Moncef Marzouki, recueille en effet 12,3 % des intentions de vote. C’est légèrement plus qu’en octobre dernier, et ce, malgré la scission du parti qui a suivi le départ de son secrétaire général, Abderraouf Ayadi.

Le constat est légèrement plus nuancé pour l’Ettakatol du président de l’Assemblée, Mustapha Ben Jaâfar. Confronté à la perte de plusieurs de ses cadres et militants, il est néanmoins crédité de 6,4 % des intentions de vote. C’est environ un quart de moins qu’en 2011, mais il reste la quatrième force politique du pays.

La toute jeune formation de l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi crée quant à elle la surprise. Créditée de 27,5 % des intentions de vote, Nidaa Tounes s’impose comme la deuxième grande force politique du pays.

Hassan Zarghouni, Directeur Général de Sigma Conseil :

«Il doit son succès au fait que les forces de gauche, les forces centristes, les forces destouriennes et anciennes, convergent toutes vers la même chose : une sorte de front anti-Ennahdha. A tel point qu’un nouveau mouvement peut se bâtir sur l’unique idée de préserver un mode de vie à la tunisienne. Y compris au détriment des divergences, qu’ils soient destouriens, gauchistes, voire laïques. »

Désormais, toute la question est de savoir si ce parti à l’électorat disparate saura rester uni jusqu’aux élections, et s’il saura s’implanter sur le terrain. Les partis centristes quant à eux s’effondrent. Al Joumhouri et Al Massar, tous deux nés de la fusion de plusieurs partis, recueilleraient ainsi, à eux deux, moins de 3 % des suffrages. C’est autant que les salafistes du Hizb Ettahrir.

Hassan Zarghouni, Directeur Général de Sigma Conseil :

« Ce sont des partis qui ont des militants leaders, mais qui n’ont pas de militants populaires, au sens « terrain » du terme. »

Le sondage de l’institut Sigma confirme par ailleurs une tendance plus générale pour les élections de 2013 : celle de l’abstention. La moitié des sondés envisagent d’y recourir. Rappelons que le 23 octobre dernier, 54 % des tunisiens en âge de voter s’étaient abstenus.



Par Jihane Boudraa
 

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