Examen du concept de « transition démocratique » : La transition démocratique entraîne l’abandon des anciennes règles du jeu politique et suscite l’apparition de nouveaux acteurs politiques et de nouvelles configurations stratégiques

La transition démocratique comprend deux phases à distinguer nettement :
  • La transition politique, qui désigne le « passage d’un régime à l’autre ».
  • La consolidation de la démocratie durant laquelle le défi majeur consiste à assurer une évolution relativement stable du processus démocratique engagé dans la transition.
La transition démocratique entraîne l’abandon des anciennes règles du jeu politique et suscite l’apparition de nouveaux acteurs politiques et de nouvelles configurations stratégiques. Cette transition est complète lorsqu’« un gouvernement arrive au pouvoir comme le résultat direct du suffrage libre et populaire, quand ce gouvernement dispose d’un pouvoir souverain pour générer de nouvelles politiques publiques, et quand les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire nés de la nouvelles démocratie n’ont pas à partager le pouvoir avec d’autres corps de droit."(1)
Quant au processus de consolidation, il implique, dans le cadre de règles du jeu politique désormais bien définies, non seulement une redistribution des cartes politiques mais également de nouvelles tactiques de jeu.
La gestion des conflits par la voie de la démocratie ne saurait être entendue comme l’élimination du conflit. Au contraire, la démocratie doit permettre la manifestation des divers interêts politiques en présence, laissant à l’ensemble des acteurs la possibilité de trouver une voix d’expression. L’ouverture du système politique constitue donc un enjeu capital dans le cadre de la consolidation de la démocratie d’un pays. Les nouveaux régimes latino-américains sont ainsi confrontés au défi d’approfondir l’ouverture de leur système politique à des acteurs qui n’ont pas nécessairement participé à la transition. Inversement, le défi consiste parallèlement à créer un niveau suffisamment haut de consensus afin d’éviter un recul politique et d’assurer par là-même la survie des nouveaux régimes. Autrement dit, les gouvernements en place doivent garantir efficacement le maintien du régime démocratique avec le soutien, à la fois de la société civile, des autres acteurs politiques et des forces armées.
La transition et la consolidation de la démocratie constituent donc deux processus qui évoluent en fonction des choix des principaux acteurs d’un pays. Ces deux moments s’inscrivent, on l’a vu, dans des contextes différents et induisent, pour les acteurs, des enjeux distincts. Mais ces deux situations sont tout de même liées : on ne peut prétendre appréhender le processus de consolidation de la démocratie sans tenir compte de la situation de crise précédant la transition et des conditions qui ont entouré le processus de transition politique lui-même.

Par Nathalie DELCAMP, de nationalité française, a vécu 6 années en Argentine (Buenos-Aires), avant de rentrer en France pour accomplir ses études supérieures. Titulaire d’une maîtrise de Droit européen - obtenue à la faculté de Paris II, Assas - et diplômée d’un Master en Relations Internationales, Résolution des Conflits - à l’ICP

(1) : Juan J. Linz, Democratic transitions and democratic consolidation, mimeo, July 1991, p.2.

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