Il n'y a pas de stratégie universelle de transition démocratique, mais le parlementarisme conduirait à une démocratie plus stable que le présidentialisme, ce dernier favorisant davantage la concentration du pouvoir et l’apparition de conflits

L’analyse de la transition démocratique d’un pays pose la question centrale des moyens utilisés pour atteindre l’objectif démocratique. Ces moyens font-ils appel à une certaine « rationalité démocratique » ? Existe-t-il UNE stratégie de transition démocratique applicable universellement ? Ou faut-il considérer au contraire que ceux-ci sont fonction des attentes d’une société et qu’il convient par conséquent d’adapter les moyens à la situation en cause ?
Nous partirons du postulat suivant : la réussite de toute transition résulte d’une combinaison entre le respect et la mise en oeuvre de grands principes - sans lesquels il ne peut y avoir de démocratie - ainsi que l’adaptation des moyens choisis au contexte propre à la situation en présence. C’est certainement en ce sens que Georgina Sánchez López affirme, en parlant des démocraties d’Amérique latine, que « face à des évolutions aussi rapides qu’incertaines, des légitimités à construire, la démocratie reste à inventer avant de la perfectionner." (1)
Il n’existerait donc pas de recette magique, mais d’avantage une nécessité de gérer de manière satisfaisante et habile un ensemble de problèmes théoriques et pratiques inhérents à la réalité qui est propre à chaque histoire et donc à chaque pays.
L’explication des transitions démocratiques a fait l’objet de diverses analyses :
  • Certains auteurs mettent en avant une analyse a priori, accordant la primauté :
    • à la culture politique : seules les sociétés partageant certaines valeurs et traditions peuvent atteindre la démocratie ;
    • et au niveau de développement.
    • Une autre approche consiste à mettre en avant la nécessité d’un développement économique et social comme préalable à l’émergence de la démocratie.
Si tous ces « ingrédients démocratiques » participent incontestablement au bon déroulement d’une transition, voire même à l’épanouissement de la démocratie, ils ne permettent pas à eux seuls d’en expliquer la réussite ou l’échec. Ces approches ont d’ailleurs été largement délaissées dans les années 1980, notamment lors de l’émergence de démocraties au sein des cultures soi-disant traditionnellement autoritaires, telles que l’Argentine, au dans les pays andins au niveau de développement incertain.
  • D’autres auteurs adoptent une démarche a posteriori : ils s’attachent à identifier les causes générales d’une transition et mettent l’accent sur les formes de gouvernement les plus appropriées pour la consolidation de la démocratie.
  • Enfin, certains auteurs se sont concentrés sur les divers systèmes de gouvernement ou d’élection, souvent par analyse comparative, en cherchant à dégager des conclusions qui pourraient être pertinentes pour la consolidation de la démocratie. Ainsi par exemple, Juan J. Linz a suggéré que le parlementarisme conduisait à une démocratie plus stable que le présidentialisme, ce dernier favorisant davantage la concentration du pouvoir et l’apparition de conflits.

    Par Nathalie DELCAMP, de nationalité française, a vécu 6 années en Argentine (Buenos-Aires), avant de rentrer en France pour accomplir ses études supérieures. Titulaire d’une maîtrise de Droit européen - obtenue à la faculté de Paris II, Assas - et diplômée d’un Master en Relations Internationales, Résolution des Conflits - à l’ICP
     
    (1) : Georgina Sánchez López, Les chemins incertains de la démocratie en Amérique latine, Ed. L’Harmattan, Paris 1993, p.14.

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