La révolution tunisienne, soulève deux questions majeures : pourquoi la Tunisie ? Et pourquoi aujourd’hui ?

La Tunisie vit aujourd’hui un tournant décisif dans son Histoire. Ce pays longtemps réputé comme l’un des plus stables du monde Arabe, n’a été dirigé que par deux présidents de la République en l’espace de 55 ans, avant de voir se succéder deux présidents par intérim en l’espace de 24 heures…
Ce changement est d’autant plus surprenant du fait de la rapidité avec laquelle les événements se sont succédés, conduisant un dictateur solidement établi depuis 23 ans à quitter le pouvoir d’une manière aussi précipité, et contredisant les analyses de bien des observateurs qui ne considéraient les événements que comme une révolte passagère ...
La révolution tunisienne, soulève deux questions majeures : pourquoi la Tunisie ? Et pourquoi aujourd’hui ?
La Tunisie constitue, à bien des égards, une exception dans la région et dans le monde. En Afrique, il a longtemps été considéré comme l’élève modèle en matière de développement, reconnu et salué en raison de ses excellentes performances en matière d’éducation et de croissance économique. Dans le monde arabe, il fait figure de seul pays véritablement laïque et relativement épargné par l’extrémisme religieux et par le terrorisme.
Il apparait aujourd’hui que cette façade n’a pas réussi à cacher l’autre face du « miracle tunisien » : régime autoritaire particulièrement violent, corruption répandu à tous les niveaux, profondes inégalités sociales et régionales (entre le littoral en plein boom et l’arrière pays rural et exclu), et surtout une violation massive et prolongée des libertés fondamentales, y compris dans la vie privée.
Nature des évènements et ampleur de la répression : Le Monde Diplomatique publie un reportage d’un journaliste en pleine immersion dans la Tunisie en révolution (http://blog.mondediplo.net/2011-01-19-La-semaine-qui-a-fait-tomber-Ben-Ali ), soulignant le rôle de la répression qui a discrédité le régime et catalysé un mouvement d’abord spontané mais de plus en plus politisé.
Role des médias : Les médias étrangers ont également été déterminants, en servant de relais et de tribune aux acteurs du mouvement. En particulier, Facebook et Al Jazeera peuvent être considérés comme des éléments révolutionnaires de premier plan, de même que Wikileaks a confirmé les rumeurs de corruption et mainmise du clan Trabelsi  sur l’économie du pays, faisant ainsi de la Tunisie le premier théâtre d’une « Révolution 2.0 » : http://english.aljazeera.net/indepth/opinion/2011/01/2011116142317498666.html
Causes profondes du mouvement : le chômage des jeunes diplômés a indéniablement été le premier motif de mécontentement évoqué par la foule. Ce problème endémique du pays (comme le montre une étude très complète sur le sujet accessible sur http://www.leaders.com.tn/uploads/FCK_files/file/diplomes.pdf), s’est posé avec d’autant plus d’acuité en raison de la crise économique actuelle qui n’a pas épargné le pays et qui a remis en cause le « pacte à la chinoise » libertés contre croissance économique, jusque la garant de la stabilité de la Tunisie.
Principales revendications : L’incapacité de l’État Tunisien à répondre à ce défi et la gestion catastrophique de la révolte des « chômeurs-diplômés » a débouché sur une contestation du système dans son ensemble, faisant passer des revendications politiques au premier plan.
Ainsi, la situation alarmante des droits de l’Homme dans le pays, comme en atteste le rapport de Human Rights Watch (http://www.hrw.org/fr/node/87788), ainsi que la liberté d’expression sont passés au premier plan des protestations (la Tunisie étant classé au 154eme rang mondial sur 175 dans ce domaine par Reporters sans Frontière).
Défis de la Révolution : La Révolution tunisienne a suscité de nombreux espoirs, non seulement en Tunisie et au sein de la diaspora Tunisienne, mais aussi en Afrique et dans le monde arabe ou le renversement d’un régime autoritaire par un mouvement populaire apparait comme une option à portée de main. Le pays est aujourd’hui confronté à d’importants défis, que l’Express analyse dans l’article http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/la-tunisie-a-fait-sa-revolution-et-apres_953980.html.
Même si à l’heure actuelle, personne ne peut prédire l’évolution de la Tunisie dans un avenir proche, l’éclairage de Souhayr Belhassen, militante tunisienne et présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme,  apporte une vision intéressante sur les principales énigmes du changement en Tunisie, en particulier sur le risque de détournement de la Révolution et le devenir de l’ancien parti unique, du rôle de l’armée et des principaux acteurs de la nouvelle Tunisie, ou encore sur le risque de contagion du mouvement à d’autres pays. http://www.lemonde.fr/afrique/chat/2011/01/17/ou-va-la-tunisie_1466411_3212.html

 Nacim Kaid Slimane
http://terangaweb.com/terangaweb_new/?p=508

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